Cerveau en sommeil REM

Les Mystères du Rêve et du Sommeil REM

Plongez dans l'univers fascinant du sommeil REM et découvrez les mystères qui entourent nos rêves. Comment le sommeil paradoxal influence-t-il notre créativité et notre bien-être ?

Publié le 04 octobre 2025

Les Mystères du Rêve et du Sommeil REM

Que se passe-t-il vraiment dans notre cerveau lorsque nous dormons ? Pourquoi passons-nous chaque nuit plusieurs heures dans un état qui ressemble étrangement à la folie ? Et si nos rêves, loin d'être de simples divagations nocturnes, jouaient un rôle thérapeutique essentiel ? Les découvertes récentes en neurosciences du sommeil bouleversent notre compréhension de cette activité mystérieuse qui occupe près d'un tiers de notre existence.

Quand dormir ressemble à un état psychotique

Dans une intervention remarquée sur le podcast d'Andrew Huberman, le Dr Matt Walker avance une hypothèse fascinante : chaque nuit, nous expérimentons collectivement un état qui s'apparente à la psychose(1). Cette comparaison audacieuse s'appuie sur cinq symptômes que nous vivons tous en rêvant :

Premièrement, nous hallucinons en voyant des images qui n'existent pas. Deuxièmement, nous croyons fermement en des événements totalement impossibles, alimentant une désillusion complète. Troisièmement, nous perdons nos repères spatio-temporels, incapables de situer correctement l'heure, le lieu ou même l'identité des personnes qui nous entourent. Quatrièmement, nos émotions fluctuent de manière extrême, un phénomène que les psychiatres nomment la labilité affective. Enfin, au réveil, nous effaçons presque entièrement cette expérience de notre mémoire, victime d'une forme d'amnésie.

Le Dr Walker souligne avec ironie que si nous manifestions ne serait-ce qu'un seul de ces symptômes durant la journée, nous chercherions immédiatement une aide psychologique ou psychiatrique.

Qu'est-ce que le rêve exactement ?

Le rêve correspond à toute activité mentale rapportée pendant le sommeil. C'est durant la phase REM (Rapid Eye Movement) que nous avons le plus de chances de rêver et de faire des rêves lucides. Cette phase se subdivise en deux états : le phasic REM sleep, où les yeux bougent activement, et le tonic REM sleep, où ils restent immobiles. Lorsque les yeux sont en mouvement, la probabilité de se souvenir d'un rêve atteint 95 à 100%.

Une perspective évolutive éclaire la particularité humaine en matière de sommeil. Charles Nunn, spécialiste des primates, a découvert que ces derniers consacrent environ 9% de leur sommeil total à la phase REM, contre 20% pour les humains. Cette différence majeure s'explique par des impératifs de survie : durant le sommeil REM, le corps se relâche complètement, ce qui pourrait s'avérer fatal pour un oiseau perché sur une branche ou pour un primate dans un arbre.

Les mécanismes neurologiques du rêve

Pendant la phase REM, le cortex préfrontal affiche une activité similaire à l'état d'éveil, bien que nous ne soyons pas conscients. Un phénomène particulièrement intrigant caractérise cette phase : les ondes PGO (Ponto-Géniculo-Occipitales).

Ces décharges électriques très brèves parcourent trois zones principales du cerveau :

  • Le Pont (P), une structure du tronc cérébral
  • Le Corps genouillé latéral (G), partie du thalamus impliquée dans la vision
  • Le Cortex occipital (O), région traitant les informations visuelles

Ces ondes suivent un trajet précis du pont vers le thalamus, puis vers le cortex occipital, créant les conditions neurologiques du rêve.

Les fonctions thérapeutiques du rêve

La phase REM remplit deux fonctions essentielles pour notre équilibre psychologique. D'abord, elle stimule la créativité et facilite la résolution de problèmes. Ensuite, elle assure un équilibre émotionnel, agissant comme une véritable thérapie nocturne.

Une expérience menée sur des personnes souffrant de dépression illustre remarquablement ce pouvoir thérapeutique : les individus qui avaient rêvé des causes de leur dépression pendant la phase REM présentaient de meilleures chances de guérison que ceux qui n'en avaient pas rêvé.

Les rêves liés à notre quotidien révèlent généralement nos préoccupations, nos fardeaux émotionnels et les personnes avec lesquelles nous avons tissé des liens affectifs profonds.

L'héritage controversé de Freud

Impossible d'aborder les rêves sans évoquer Freud et son Interprétation des rêves. Bien que largement critiqué et considéré comme non scientifique, cet ouvrage demeure la référence historique du domaine. Selon Freud, les rêves ne devraient pas être interprétés mais déconstruits pour en extraire du sens. Toutefois, la seule personne véritablement capable de comprendre nos rêves reste nous-même.

Cauchemars et rêves lucides

Les cauchemars peuvent devenir pathologiques lorsqu'ils surviennent au moins une fois par semaine. L'une des approches thérapeutiques consiste à travailler avec un professionnel pour réécrire le scénario du cauchemar et le transformer en expérience bénéfique.

Les rêves lucides représentent cette capacité fascinante de prendre conscience que l'on rêve et d'en prendre le contrôle. Pour les scientifiques, la preuve objective du rêve lucide repose sur le suivi des mouvements oculaires : bien que le corps soit paralysé durant le sommeil, les yeux restent actifs et peuvent servir de code morse entre le dormeur et l'observateur.

Attention toutefois : certaines personnes pratiquant le rêve lucide se réveillent sans se sentir reposées, cette activité demandant autant d'énergie que l'état d'éveil. Pour induire un rêve lucide, une technique simple consiste à se répéter avant de dormir : "Je vais me souvenir que je rêve" ou "Je vais contrôler mes rêves". Cette répétition, qui peut sembler absurde, exploite le fonctionnement naturel du cerveau, particulièrement réceptif aux informations reçues juste avant l'endormissement.

Quand les rêves s'oublient

Ne pas se souvenir de ses rêves ne devrait pas être source d'inquiétude. Lorsque nous rêvons, notre cerveau encode ces expériences dans notre mémoire, mais cela ne garantit pas que ces souvenirs soient accessibles au réveil. Parfois, le rêve est bel et bien stocké, simplement hors de portée de notre conscience.

Les suppléments pour améliorer le sommeil

Parmi les compléments recommandés pour favoriser un sommeil de qualité figurent le magnésium 3, l'apigénine (dérivé de la camomille) et la théanine. Cette dernière s'avère particulièrement efficace pour les personnes souffrant d'anxiété, bien qu'elle augmente aussi la probabilité de faire des rêves lucides.

Le Mot De La Fin

Le rêve demeure l'une des expériences humaines les plus fascinantes et mystérieuses. Chaque nuit, nous plongeons dans un univers parallèle où les lois de la logique s'effacent, où nos émotions se libèrent et où notre cerveau effectue un travail thérapeutique essentiel. Loin d'être un simple divertissement nocturne, le rêve participe activement à notre équilibre psychologique, notre créativité et notre bien-être émotionnel.

Que nous nous souvenions ou non de nos rêves, qu'ils soient ordinaires ou lucides, paisibles ou cauchemardesques, ils constituent une part irremplaçable de notre vie mentale. Alors la prochaine fois que vous vous réveillerez avec le souvenir flou d'une aventure onirique improbable, rappelez-vous que votre cerveau vient d'accomplir sa propre séance de thérapie nocturne. Et c'est peut-être là le plus beau mystère du sommeil : nous guérir pendant que nous dormons.

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Par Dounia Boukrim

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